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L’Etat des lieux de la dégradation des terres en Côte d’Ivoire

Une forte pression sur les terres ivoiriennes

La Côte d’Ivoire n’est pas un pays désertique mais elle a ratifié la Convention des Nations Unies sur la Lutte Contre la Désertification (UNCCD) le 04 mars 1997, pour marquer sa solidarité envers les populations des zones arides à travers le monde.

Elle reconnait le poids des impacts négatifs de la dégradation des terres et du changement climatique sur son économie fortement basée sur la l’agriculture, son environnement et surtout sur le bien-être des populations rurales.

Depuis, des efforts ont été menés dans le but d’atténuer le processus de la dégradation des terres et les effets pervers du changement climatique.

Pour donner un cachet plus important à la lutte, la Côte d’Ivoire s’est engagée à se doter de l’instrument convenable de la mise en œuvre de l’UNCCD, en l’occurrence le Programme d’Action National de Lutte Contre la Dégradation des Terres (PAN/LCD). Le PAN/LCD, résultat d’un processus participatif, qui dresse l’état des lieux, analyse les facteurs en cause et fait des propositions de méthodes de lutte.

 Le couvert forestier a disparu

Selon les évaluations, l’état de conservation du couvert forestier ivoirien, à partir du bilan des superficies de forêts de 1986 montrent qu’une grande partie n’a pas été conservée.

La déforestation brutale a conduit à une avancée de la savane, les précipitations annuelles ont diminué en moyenne de 0,5 % par an entre 1950 et 2000. Cette baisse de la pluviométrie et des ressources en eau, a affecté la production d’énergie hydroélectrique et la production agricole et d’autres secteurs socio-économiques.

Les plantations agricoles dont la superficie a quintuplé en moins de 50 ans, ont considérablement détruit la forêt ivoirienne. La pression agraire entraîne un raccourcissement des jachères (environ 5 ans aujourd’hui contre plus de 20 au début des années 60) favorisant ainsi l’appauvrissement et l’érosion des sols.

La cartographie forestière en Côte d’Ivoire, sur la courte période de 1986 à 2015, indique un profond changement dans l’évolution du couvert végétal (REDD+, 2017).

7 850 864 ha de forêts en 1986, soit une couverture forestière de 24,36% du territoire ;

  • 5 094 452 ha de forêts en 2000, correspondant à une couverture forestière de 15,81% du territoire et ;
  • 3 401 146 ha de forêts en 2015, représentant une occupation spatiale de 10,56% du territoire.
Un jeune cacaoyer encadré par des bananiers qui le protègent du soleil. CP: Paterne Kraidi

                    

DésignationAnnée 1986Année 2000Année 2015
forêt superficie en hasuperficie en hasuperficie en ha
7 850 8645 094 4523 401 146
1 : Statistiques de la couverture forestière en Côte d’Ivoire de 1986 à 2015
      Source : FAO et SEPREDD+, 2017

Les sols fortement exposés

Moins arrosés, les sols de la partie nord du pays sont sujets au surpâturage et à la transhumance.

La quasi-totalité des sols du territoire subissent une dégradation. A l’origine, des facteurs physiques tels que l’érosion hydrique et éolienne et des facteurs anthropiques comme la destruction de la végétation et les pratiques agricoles mal adaptées.

Bien que la responsabilité des sols soit moins évidente que celles des facteurs climatiques, ils jouent, à n’en pas douter, un rôle très important dans la différenciation des groupements de végétation.

La végétation a, elle aussi, une influence sur le sol organique et dès les premières pluies ou le premier vent et les feux de brousse. Ces cendres sont emportées par le vent et la pluie, occasionnant ainsi une perte en éléments nutritifs pour les terres. Le passage répété de ces feux (soit tous les ans), a un effet négatif sur la végétation dont la croissance est fortement affectée. On aboutit d’année en année à un appauvrissement de la composition floristique désormais favorable aux essences pyro-résistantes et à un dénudement de grands espaces autrefois boisés. C’est la naissance de poches de désertification.

En Côte d’Ivoire, une bonne partie de la superficie du territoire est soumise aux feux de brousse. Les départements du nord et du centre sont ceux qui subissent surtout les méfaits et les ravages de cette pratique qui dépend en outre des formations géologiques et des caractères topographiques.

La végétation inquiète

C’est un facteur puissant de l’érosion et donc de la dégradation des terres. Deux écosystèmes naturels couvrent le pays : la forêt au sud et la savane au nord. Un mélange de forêt et de savane occupe le centre. La forêt est très efficace pour dissiper l’énergie des gouttes d’eau, pour favoriser le drainage des eaux de pluies, et pour améliorer la résistance propre des sols. En conséquence, la destruction du couvert forestier multiplie par 1000 le risque de dégradation des terres, selon les études réalisées au sud du pays par Roose (1977).

Source : Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, Coordination des Programmes et Projets, Convention des Nations Unies sur la Désertification, Problématique de la dégradation des terres en Côte d’Ivoire : étude biophysique et socio-économique, Février 2020


La Côte d’Ivoire devient une plaque tournante pour la gouvernance environnementale mondiale

Abidjan accueille du 9 au 20 mai 2022 la 15ème Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification (COP15) sous le thème: « Terres, vie, patrimoine, d’un monde précaire vers un avenir prospère ». Les enjeux de cet important sommet dans ce billet.

La Côte d’Ivoire a ratifié le 3 avril 1997 la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), elle-même adoptée à Paris le 17 juin 1994, puis entrée en vigueur le 25 décembre 1996.

Ces problématiques en lien avec cet accord concernent environ 60 % du territoire ivoirien et près de 100 % de la partie septentrionale de notre pays au niveau des terres dégradées selon le Ministère ivoirien de l’environnement.

Après New Delhi 2019, en Inde, la COP15 qui aura pour capitale Abidjan, se positionne comme un grand rendez-vous ayant des retombées positives sur le pays.

Ces effets revêtent un caractère diplomatique, économique, stratégique et politique.

Au niveau stratégique, en tant que pays hôte de la COP et assurant sa présidence pendant 2 années consécutives, l’Etat ivoirien pourra influencer l’agenda et les thèmes importants qui seront discutés lors de la 15ème Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification et la sècheresse. Il s’agit notamment des questions liées aux corrélations entre la perte de productivité des sols, la lutte pour l’atteinte de plusieurs des Objectifs de Développement Durable, les migrations, la montée des extrémismes violents en cours dans le monde.

Au niveau diplomatique, la Côte d’Ivoire sera avant, pendant et après la tenue de la COP le centre névralgique de la diplomatie environnementale mondiale, notamment sur les questions de gestion durable des terres et de la restauration des écosystèmes. Le Chef de l’Etat sera invité à s’adresser pendant les deux prochaines années, en tant que président de la COP15, à l’Assemblée générale des Nations Unies pour rendre compte des résultats de son mandat.

Au niveau économique, les effets se traduiront par la création d’emplois, la relance du secteur du tourisme, l’attraction des investissements étrangers directs dans le domaine de la lutte contre la dégradation des sols et le développement de l’agriculture durable ainsi que l’assistance technique et financière de nombreux partenaires au développement.

Au niveau politique et historique, la tenue de cette rencontre en terre ivoirienne, augure le lancement d’une grande initiative mondiale visant l’accroissement exponentielle de la production agricole durable à l’échelle de la planète tout en préservant les fonctions écosystémiques des sols et autres facteurs de production. Il faut noter en plus, un programme international de régénération des forêts dégradées. Le lancement de cette initiative possible par le chef de l’Etat personnellement sera considéré comme l’héritage politique de l’organisation de la COP15 par la Côte d’Ivoire avec la mise en place des outils de suivi-évaluation et la création d’un groupe de travail conjoint regroupant les Nations Unies et les autres partenaires pertinents.

https://twitter.com/UNCCD/status/1523614224282681345

L’initiative Ouattara ou initiative d’Abidjan comme héritage politique majeur de la Côte d’Ivoire après la COP15

Les dynamiques des terres, du climat et de la biodiversité étant intimement liées, la CNULCD collabore étroitement avec les deux autres Conventions de Rio ; la Convention sur la diversité biologique (CDB) et la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), pour relever ces défis complexes avec une approche intégrée et la meilleure utilisation possible des ressources naturelles

Ainsi, tout en favorisant la collaboration entre les trois grandes conventions nées de Rio et aussi avec les autres acteurs pertinents, il est prévu qu’en marge de la COP15, la Côte d’Ivoire soit à l’origine d’une grande initiative mondiale visant l’accroissement exponentielle de la production agricole durable à l’échelle de la planète tout en préservant les fonctions écosystémiques des sols et autres facteurs de production. Le lancement de cette initiative, baptisée du nom du chef de l’Etat lui-même ou de la ville d’Abidjan, sera considéré comme l’héritage politique de l’organisation de la COP15 par la Côte d’Ivoire. Elle demandera la mise en place des outils de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre par la création d’un task-force conjoint qui réunirait les Nations Unies ainsi que les autres partenaires techniques et financiers pertinents. Cette démarche s’appellerait « Initiative Ouattara » ou « Initiative d’Abidjan ».


Promotion du numérique : Le salon Osiane investit l’Afrique de l’Ouest

Le Salon International  des Technologies de l’Information et de l’Innovation (OSIANE)  prévu du 27 au 30 avril 2022 en République du Congo s’intéresse aux acteurs ivoiriens de l’économie  numérique.

la photo de famille

A cet effet,  Luc Missidimbazi, initiateur dudit Salon a animé un After work le mardi 23 novembre 2021 en présence des responsables d’entreprises, de start-up et la presse au Radisson Blue Hôtel d’Abidjan.

Le promoteur du Salon Osiane  a fait remarquer l’ important  développement de l’écosystème numérique ivoirien. C’est pourquoi il entend mobiliser ces entreprises en vue de leur participation dans le but d’évaluer les différentes opportunités qu’offre  l’Afrique centrale et  les packages offerts aux partenaires du salon, en vue de tisser des partenariats fructueux pour le futur.

M. Luc Missidimbazi a relevé que le salon se veut un creuset pour favoriser les interactions entre différents acteurs aptes à mener la réflexion sur les défis, les opportunités et les bonnes pratiques engendrés par la révolution numérique et la transformation digitale.

Au cours du salon,  à travers les panels, les formations, les rencontres B to B, les intervenants vont se plancher sur l’impact du digital sur les entreprises, l’accélération des sociétés basées en Afrique dans le processus de transformation numérique, tout en projetant l’avenir du numérique.

Les participants traiteront en outre les enjeux économiques en matière de transactions, de monnaie électronique, de financement de projets innovants, de sécurité physique et virtuelle des systèmes d’information et leur contenu qui influent sur l’existence et sur le développement de l’ensemble des systèmes économiques, sociaux et culturels.

Le Salon Osiane fait appel à plusieurs formateurs dont Cyriac Gbogou de la Côte d’Ivoire, par ailleurs membre du comité scientifique.

 Pour rappel, M. Missidimbazi a signifié que plusieurs jeunes ayant bénéficié des formations de Cyriac sont aujourd’hui promoteurs de projets car un volet suivi existe pour leur permettre de mener à bon terme leurs initiatives.

Depuis 5 ans, le Salon OSIANE demeure une plateforme incontournable pour les sociétés qui souhaitent prospecter le champ de l’économie numérique au Congo et la sous-région, mais aussi pour les organisations internationales qui désirent dupliquer certains programmes déjà maturés dans d’autres écosystèmes. Pour contribuer à l’épanouissement de l’écosystème numérique du Congo, OSIANE se donne les missions suivantes : Promouvoir les projets et réalisations des acteurs du numérique au Congo et en Afrique en général, Connecter les écosystèmes à travers des programmes d’échanges communautaires , Participer au débat publique sur le Numérique en Afrique.

Les années précédentes, Osiane a regroupé plus de 7000 participants, 37 exposants, 70 intervenants etc.


Dossier/ Genre et changement climatique : Renforcer le secteur pour égrener plus d’impact sur le développement

La Côte d’Ivoire s’est fixée pour objectif de devenir un pays émergent à l’horizon 2020. Mieux, elle s’est profondément engagée dans la conduite du processus devant la conduire au développement durable dans tous les secteurs d’activités économiques, politiques, sociaux et religieux. Loin d’être un slogan, le développement, tout en satisfaisant les besoins du moment sans compromettre ceux des générations futures, se veut harmonieux , équitable, égalitaire entre les hommes et femmes, les filles et les garçons , et repose principalement sur trois piliers : l’économie, l’environnement et le social.Le gouvernement actuel a placé les besoins et les aspirations des populations au centre des politiques et plans nationaux de développement, particulièrement ceux en lien avec les Objectifs de Développement Durable (ODD) qui au plan international recherchent la réduction des inégalités entre les hommes et les femmes. En témoigne, la Conférence mondiale des femmes à Pékin en 1995 dont l’un des objectifs a été consacré à la « femme et à l’environnement ».Cette thématique vise à terme au renforcement de la participation des femmes aux décisions relatives à l’environnement et à la prise en compte de leurs besoins, de leurs préoccupations et de leurs opinions dans les politiques de développement durable.Inclure le concept du genre dans le développement durable, c’est prendre en compte une juste situation des femmes et des hommes dans la détermination des politiques au travers de projets de développement appropriés et mis en œuvre. C’est, en un mot , offrir les mêmes chances , les mêmes opportunités, et les mêmes considérations sans distinction aucune pour un développement plus harmonieux et équitable.

la Directrice générale des Eaux et forêts et un de ses agents lors d’une opération de planting d’arbre, CP: Paterne Kraidi

La Stratégie Nationale Genre et Changement Climatique (SNGCC) pour rattraper les inégalités

La Côte d’Ivoire a ratifié depuis 2016, l’Accord de Paris, et a aussi entamé la mise en œuvre de ses Contributions Déterminées au niveau National (CDN) ou NDC en Anglais). Pourtant, au cœur de tous ces engagements, un fait simple à ne pas occulter est la prise en compte du Genre dans la question climatique, car le Changement Climatique est avant tout un phénomène humain. Elle renvoie à l’intégration d’égalité femmes-hommes dans l’ensemble des politiques environnementales, économiques, sociales et à la mise en œuvre de ses Contributions Déterminées au niveau National (CDN) ou NDC en Anglais).Pourtant, au cœur de tous ces engagements, un fait simple à ne pas occulter est la prise en compte du Genre dans la question climatique, car le Changement Climatique est avant tout un phénomène humain. Elle renvoie à l’intégration d’égalité femmes-hommes dans l’ensemble des politiques environnementales, économiques, sociales et à la participation équitable de l’ensemble des acteurs aux processus de décision, d’élaboration, de mise en œuvre et de suivi-évaluation des politiques. A cet effet, la Côte d’Ivoire bénéficie d’un appui du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) pour l’élaboration de la Stratégie Nationale Genre et Changements Climatiques (SNGCC). Cette SNGCC permettra d’intégrer le Genre dans toutes les actions de lutte contre les changements climatiques et servira d’outil de référence pour les politiques, programmes et projets en liens avec les changements climatiques. Cette SNGCC a été validée en décembre 2019, une requête est en cours en vue de la faire adopter en Conseil des Ministres.Elle est inscrite dans les actions du Plan National Adaptation financé par le Fonds Vert pour le Climat (PNA-GFC) développé par le PNUD en collaboration avec le Programme National Changement Climatique (PNCC). Cet appui servira à la mise en œuvre du projet de « Renforcement de l’intégration de l’adaptation au changement climatique dans la planification du développement en Côte d’Ivoire ». Une Plateforme Nationale Genre et Changements Climatiques (PNGCC) regroupant les acteurs nationaux œuvrant dans le genre est en train d’éclore.

des fours améliorés pour réduire la pression sur les forêts

La Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) a défini le genre dans la décision ‘’ Question de genre et changements climatiques ‘’ adoptée à la COP 22 (Maroc 2016) le 1er novembre 2016 sur recommandation de l’Organe subsidiaire de mise en œuvre de la Convention climat à sa 48ème session.La SNGCC entend favoriser l’égalité de genre et la participation équilibrée des hommes et des femmes en s’appuyant sur les dispositions d’instruments internationaux et la participation équilibrée des hommes et des femmes. En exemple, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de Discrimination à l’égard des Femmes, la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le programme de travail biennal de Lima…Sur cette base, la SNGCC entend insister sur : les activités de formation et de sensibilisation, le renforcement des capacités, le suivi-évaluation et la production des données fiables pour évaluer les progrès réalisés afin d’intégrer une perspective de genre dans les processus de planification , de développement et de mise en œuvre des politiques , plans, programmes et projets en lien avec les changements climatiques etc.L’Etat reconnait l’intérêt qu’offre la participation des femmes issues des différentes communautés aux initiatives menées à tous les niveaux en matière de climat.

les femmes de la région d’Adzopé autour du ministre de l’environnement, CP: Paterne Kraidi

La dimension genre pour le développement durable

« Une approche de développement qui vise à réduire les inégalités sociales, économiques, politiques et culturelles entre les femmes, entre les filles, les garçons. Elle révèle les injustices, les discriminations qui sont tolérées, voire encouragées, dans divers contextes sociaux, le plus souvent à l’encontre des femmes. Il s’agit en d’autres termes des chances, des opportunités, des droits et devoirs qu’on accorde à tout individu (homme et femme) au sein d’une société. Une politique qui intègre la notion de genre est une politique qui analyse de manière comparative la situation des femmes et des hommes, identifie les sources d’’inégalité entre les sexes et vise à les réduire. Le genre se définit également comme l’ensemble des règles implicites et explicites qui régissent les relations homme femme en leur attribuant des valeurs, des responsabilités et des obligations distinctes ». Définition du genre selon le document de la politique nationale sur l’égalité des chances, l’équité et le genre (avril 2009).


Abidjan/Nombre limité des passagers dans les bus : Aux heures de pointe, pas du tout facile

Depuis que la pandémie du Covid 19 a fait irruption en Côte d’Ivoire. Dans le strict respect des mesures barrières, la principale société de transport à grande masse,la SOTRA (Société des Transports Abidjanais) a défini sa stratégie de lutte et de protection de ses passagers. Aux heures de pointe, ce sont des milliers de passagers qui ont du mal à voyager. Petite incursion dans cet univers!

Il est 19 h ce vendredi soir. Destination gare nord (Adjamé) . En foulant ce point de ralliement des bus de la Sotra (Société des Transports Abidjanais) vers toutes les communes d’Abidjan. Une odeur d’urine vous souhaite la bienvenue. En levant la tête, votre regard croise des citoyens concentrés en train de déverser leurs urines sur les murs. Comme le disait Garba 50 (un groupe de Rap)  » on pisse sur les murs ça va pas quelque part ». L’hygiène n’ est pas la priorité. Pisser fort et bien sachant que c’est une gare qui accueille des milliers de personnes. C’est le film qui se passe. Heureusement avec les cache nez, on sent moins l’odeur.
Tous les quais sont bondés de monde. Des visages expriment des sourires pour ceux qui s’affairent. Par contre d’autres sont abattus ou impatients. Ce qui trône dans la tête.  » aurais- je un bus pour rentrer ?
Pas facile dans un premier temps. À cause de la Covid 19, le nombre de passagers est limité à 45. Les machinistes veillent au grain de peur de perdre leur emploi. Il faut les voir compter le nombre de personnes comme au CP1, lorsqu’on apprend les chiffres. La discipline règne en héros. Finies les bousculades des périodes avant Covid. Le hic c’est le nombre limité de personnes. Des personnes attendent au moins deux heures avant d’avoir accès à un bus. Imaginez les lignes célèbres telles que le 11 (Koumassi), le 29 (Port-Bouët), le 59 (Treichville), le 45 (Abobo), patience oblige.
D’autres attendent aux arrêts sur le tronçon Nangui Abrogoua. Le bus arrive et ne marque pas l’arrêt. À Abidjan, on dit » le bus a viré l’arrêt  ». Le machiniste applique les mesures strictes de sa hiérarchie. Une femme commerçante lève le ton.  » mais le bus est vide, prenez-nous ». Covid oblige ! , pas d’ exception. Une autre jeune fille supplie le machiniste. Son cœur se pince,il veut la prendre mais il ne peut pas. Elle a mis beaucoup de temps d’attente mais Covid oblige ! . Un autre jeune se lamente.  » nous avons des cache nez donc ça ne fait rien.
Hélas, la pandémie a changé toutes les habitudes. Aujourd’hui, l’un des avantages c’est d’espérer obtenir une place assise sans bousculade. Aux heures de pointe, il faut tenir le coup. Malgré la densité du parc auto. Une, deux, trois heures d’attente peuvent être possible. Autre chose courante, c’est lorsque tu montes et le machiniste te demande de descendre parce que le quota est atteint. Souvent, il dit je prends deux ou trois personnes. Dommage mais ce sont des consignes.

Mon cri de cœur à l’endroit de la SOTRA. L’installation de mini bacs à ordures dans chaque bus serait une bonne initiative. La propreté de la gare nord doit être une priorité. L’augmentation du nombre de bus réjouira par ailleurs les clients.

Aux clients, ne vous trompez pas de poubelles pour jeter les cache nez. Le bus n’est pas un dépotoir d’ordures (photo d’illustration 2).