Tricherie et corruption à l’ivoirienne lors des examens de fin d’année
Ils sont 101 642 candidats à avoir été déclarés admis au Bac session 2017. Soit un taux de 44,97%, tout le monde a applaudi. La joie, la gaieté, le fruit des efforts récompensés. Mais derrière ce résultat se cache des idées sombres, combattues, pourtant alimentées par des élèves, enseignants, membres du jury tous acteurs de la tricherie à l’ivoirienne.
Les candidats battent en brèche la décision visant l’interdiction des téléphones portables dans les centres de composition. Les examinateurs exigent de l’argent aux candidats. Les élèves cotisent pour les surveillants.
Dans tous les centres de composition lors des examens de fin d’année, il est formellement interdit l’utilisation des téléphones portables. Mais certains candidats tentent de distraire les surveillants. Dans un lycée à Abobo, Aminata Soro qui croyait distraire les forces de l’ordre place son téléphone portable dans ses cheveux.
Pour son plus grand malheur, l’équipe de fouille était équipée d’un appareil électrique, détecteur de métaux. Lorsque l’appareil exécutait son travail, le signal est venu de la coiffe de la jeune élève, un tissage bien conçu. Tous ses espoirs en vue de frayer le corridor se sont soldés par un échec.

Crédit Photo: Paterne Kraidi
Cotisons pour le surveillant
Ces candidats au Bac cherchent toujours à prendre l’ascenseur au lieu de l’escalier. Malgré les mérites dont a vantés Madame Dosso Nimaga Mariam, Directrice des examens et concours, notamment la prise de conscience de tous les acteurs de l’éducation nationale quant à la réussite du Bac 2017. Les élèves ivoiriens n’appliquent guère la sagesse éducative.
Lycée Municipal de Koumassi, me rapporte un surveillant, dès qu’il pose ses pieds dans la salle de composition, il remarque que les élèves sont perturbés, le silence de la concentration qui doit plutôt régner se substitue à des murmures, mais pour quelle raison? L’un d’eux , se lève et se présente comme étant le porte-parole de ses amis.
Lui et ses condisciples ont initié une cotisation en vue de la remettre au surveillant pour que ce dernier leur autorise la tricherie. Du culot, ces candidats l’ont. Sans gêne, ils osent corrompre de façon réelle. Le jeune surveillant décourage très tôt les jeunes fraudeurs. Toujours dans cette même salle, son collègue surveillant quant à lui na pas décliné l’offre , à la fin de l’épreuve, il se rapproche de son collègue pour lui donner sa part du gâteau, le prix de la tricherie , chose qu’il refuse la deuxième fois. Dommage que ce soit dans mon pays.

Crédit Photo: Paterne Kraidi
Ils sont vraiment rusés
Quelle formation est enseignée à nos jeunes frères dans les lycées et collèges? Se préparer pour le Bac ou se munir des outils de la fraude. Dans un autre établissement, une candidate s’est vêtue d’un pantalon dans lequel elle a fourré son téléphone au niveau de la ceinture. Sa méthode est drôle, mais il faut vraiment voir avant de croire. Dès que l’appareil passe sur son corps , elle glisse le téléphone petit à petit par derrière jusqu’à ce qu’on la laisse passer. Grâce sa prouesse elle a reçu les corrections des épreuves sans qu’aucun surveillant ne puisse la prendre, racontait cette bachelière à l’un de ses amis.
A Bonoua (59 km d’Abidjan), ma petite sœur m’a raconté que l’un de ses amis a déposé son téléphone dans un parapluie qu’il tenait en main. Aucun surveillant ne pouvait imaginer trouver un portable à ce endroit. Or le cordon de sécurité exigeait une fouille minutieuse à l’entrée de l’établissement. Vivement , les élèves sont très rusés.
Mon véhicule ne boit pas de l’eau , il consomme du carburant
Les enseignants sont les premiers à favoriser la tricherie dans les examens. Bts 2017, à l’épreuve d’anglais, l’un de mes jeunes frères revient et me dit , grand frère je suis découragé de l’école ivoirienne. Voilà que je me présente dans le centre pour passer mon épreuve. L’examinateur me fixe dans les yeux et me dit. Mon petit dépêche-toi on va s’arranger parce que vous êtes nombreux.
Le jeune étonné ne sachant pas ce que désire le professeur lui demande de quoi s’agit-il? Et l’enseignant de répondre » Mon petit regarde mon véhicule, il ne boit pas d’eau, il consomme du carburant, nous ne sommes pas payés, donc c’est sur vous nous pouvons avoir des sous ». Le candidat signale au professeur qu’il ne dispose pas de ressources financières. L’enseignant zélé dans sa bêtise lui répond qu’il a la possibilité de lui infliger un zéro, soit il finance ou il prend une mauvaise note. L’enfant pris de peur sort ses 2000 FCFA. L’enseignant aggrave la plaie. Tes amis déposent 15 000 FCFA et toi c’est 2000 FCFA.
L’oral transformé en un lieu pour affaires. Triste, malheureux, pitoyable, révoltant, c’est ce qui se vit sous nos cieux. Qui pour arrêter? Aucun discours? Seul un engagement personnel des acteurs: élèves, enseignants , ministère, parents d »élèves.
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