L’Etat des lieux de la dégradation des terres en Côte d’Ivoire

Article : L’Etat des lieux de la dégradation des terres en Côte d’Ivoire
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6 mai 2022

L’Etat des lieux de la dégradation des terres en Côte d’Ivoire

Une forte pression sur les terres ivoiriennes

La Côte d’Ivoire n’est pas un pays désertique mais elle a ratifié la Convention des Nations Unies sur la Lutte Contre la Désertification (UNCCD) le 04 mars 1997, pour marquer sa solidarité envers les populations des zones arides à travers le monde.

Elle reconnait le poids des impacts négatifs de la dégradation des terres et du changement climatique sur son économie fortement basée sur la l’agriculture, son environnement et surtout sur le bien-être des populations rurales.

Depuis, des efforts ont été menés dans le but d’atténuer le processus de la dégradation des terres et les effets pervers du changement climatique.

Pour donner un cachet plus important à la lutte, la Côte d’Ivoire s’est engagée à se doter de l’instrument convenable de la mise en œuvre de l’UNCCD, en l’occurrence le Programme d’Action National de Lutte Contre la Dégradation des Terres (PAN/LCD). Le PAN/LCD, résultat d’un processus participatif, qui dresse l’état des lieux, analyse les facteurs en cause et fait des propositions de méthodes de lutte.

 Le couvert forestier a disparu

Selon les évaluations, l’état de conservation du couvert forestier ivoirien, à partir du bilan des superficies de forêts de 1986 montrent qu’une grande partie n’a pas été conservée.

La déforestation brutale a conduit à une avancée de la savane, les précipitations annuelles ont diminué en moyenne de 0,5 % par an entre 1950 et 2000. Cette baisse de la pluviométrie et des ressources en eau, a affecté la production d’énergie hydroélectrique et la production agricole et d’autres secteurs socio-économiques.

Les plantations agricoles dont la superficie a quintuplé en moins de 50 ans, ont considérablement détruit la forêt ivoirienne. La pression agraire entraîne un raccourcissement des jachères (environ 5 ans aujourd’hui contre plus de 20 au début des années 60) favorisant ainsi l’appauvrissement et l’érosion des sols.

La cartographie forestière en Côte d’Ivoire, sur la courte période de 1986 à 2015, indique un profond changement dans l’évolution du couvert végétal (REDD+, 2017).

7 850 864 ha de forêts en 1986, soit une couverture forestière de 24,36% du territoire ;

  • 5 094 452 ha de forêts en 2000, correspondant à une couverture forestière de 15,81% du territoire et ;
  • 3 401 146 ha de forêts en 2015, représentant une occupation spatiale de 10,56% du territoire.
Un jeune cacaoyer encadré par des bananiers qui le protègent du soleil. CP: Paterne Kraidi

                    

DésignationAnnée 1986Année 2000Année 2015
forêt superficie en hasuperficie en hasuperficie en ha
7 850 8645 094 4523 401 146
1 : Statistiques de la couverture forestière en Côte d’Ivoire de 1986 à 2015
      Source : FAO et SEPREDD+, 2017

Les sols fortement exposés

Moins arrosés, les sols de la partie nord du pays sont sujets au surpâturage et à la transhumance.

La quasi-totalité des sols du territoire subissent une dégradation. A l’origine, des facteurs physiques tels que l’érosion hydrique et éolienne et des facteurs anthropiques comme la destruction de la végétation et les pratiques agricoles mal adaptées.

Bien que la responsabilité des sols soit moins évidente que celles des facteurs climatiques, ils jouent, à n’en pas douter, un rôle très important dans la différenciation des groupements de végétation.

La végétation a, elle aussi, une influence sur le sol organique et dès les premières pluies ou le premier vent et les feux de brousse. Ces cendres sont emportées par le vent et la pluie, occasionnant ainsi une perte en éléments nutritifs pour les terres. Le passage répété de ces feux (soit tous les ans), a un effet négatif sur la végétation dont la croissance est fortement affectée. On aboutit d’année en année à un appauvrissement de la composition floristique désormais favorable aux essences pyro-résistantes et à un dénudement de grands espaces autrefois boisés. C’est la naissance de poches de désertification.

En Côte d’Ivoire, une bonne partie de la superficie du territoire est soumise aux feux de brousse. Les départements du nord et du centre sont ceux qui subissent surtout les méfaits et les ravages de cette pratique qui dépend en outre des formations géologiques et des caractères topographiques.

La végétation inquiète

C’est un facteur puissant de l’érosion et donc de la dégradation des terres. Deux écosystèmes naturels couvrent le pays : la forêt au sud et la savane au nord. Un mélange de forêt et de savane occupe le centre. La forêt est très efficace pour dissiper l’énergie des gouttes d’eau, pour favoriser le drainage des eaux de pluies, et pour améliorer la résistance propre des sols. En conséquence, la destruction du couvert forestier multiplie par 1000 le risque de dégradation des terres, selon les études réalisées au sud du pays par Roose (1977).

Source : Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, Coordination des Programmes et Projets, Convention des Nations Unies sur la Désertification, Problématique de la dégradation des terres en Côte d’Ivoire : étude biophysique et socio-économique, Février 2020

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