Marcelline Gneproust, une brillante journaliste ivoirienne  

Article : Marcelline Gneproust, une brillante journaliste ivoirienne  
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9 mars 2018

Marcelline Gneproust, une brillante journaliste ivoirienne  

Parmi les talentueux journalistes ivoiriens, nous pouvons citer Venance Konan, Zio Moussa, Agnès Kraidy, Traoré Moussa…  Dans ce milieu où les hommes figurent en tête, quelques femmes se démarquent. Marcelline Gneproust, du quotidien gouvernemental, Fraternité Matin, prouve qu’elle fait partie de cette élite des femmes journalistes ivoiriennes. Portrait !

La qualité de sa plume tire sa source depuis le primaire. Marcelline Gneproust est reconnaissante à l’endroit de son instituteur de cm2 , feu Zidago Bruno. L’intelligence de la petite écolière a fortement marqué le maître. Ses devoirs bien rédigés étaient lus devant toute la classe. Elle était également désignée pour effectuer les corrections d’exercices au tableau.  L’instituteur ne tarissait pas d’éloges pour sa jeune élève à qui il adressait chaque fois félicitations et encouragements.

Marcelline Gneproust est la seule à avoir obtenu le Bac probatoire dans son quartier

Très réservée à l’époque, Marcelline Gneproust s’affichait à travers ses études. Pour passer de la classe de Première en Terminale, il fallait être soumis au Bac probatoire. Un test très sélectif ! Elle a pu obtenir ce diplôme, alors que tous les candidats de son quartier de résidence ont échoué. Elle a suscité du coup une curiosité. Les élèves s’approchaient d’elle pour savoir son secret.

Ses premiers pas dans la presse

Marcelline Gneproust aspirait à l’interprétariat. Après avoir obtenu une licence en Anglais, elle n’a pas pu exercer ce métier. Dans sa quête d’emploi, une amie lui suggère le journal Ivoir’soir (une publication du groupe Fraternité Matin). Elle postule pour le test puis est retenue comme correctrice puisque c’était le poste vacant. Les années passent, la jeune dame observe les journalistes à l’œuvre se défaire pour véhiculer les informations. Certains se rendent en mission nationale ou internationale. Tout ceci a créé en elle un challenge, « celui de devenir journaliste ». Marcelline Gneproust postule pour le concours de l’ISTC (Institut des sciences et techniques de la communication) où elle obtiendra son diplôme de journaliste.

Marcelline Gneproust dans un studio de radio , CP: Eric Digbeu, avec son aimable autorisation

Parmi les hommes, la journaliste s’affiche par son travail

Fraternité Matin a connu des journalistes de haut niveau. Venance Konan, Zio Moussa, Cyprien Tiessé, et bien d’autres. Aujourd’hui la rédaction ne compte que sept femmes. Marcelline Gneproust signale qu’elle veillait sur des dossiers afin de produire des articles de qualité. Sa particularité réside dans les grands genres : enquêtes et reportages. Très méticuleuse et perfectionniste, elle va selon un rythme personnel. Les comptes-rendus ne font pas partie de ses priorités. Dans sa recherche de l’info, elle préfère donner la parole aux acteurs, aux sans voix. Spécialiste en santé, elle a produit d’énormes articles sur les mutilations génitales, les pandémies, etc.

Meilleure journaliste de Côte d’Ivoire en 2012

Elle n’avait pas souhaité postuler au prix Ebony, une distinction des meilleures journalistes de Côte d’Ivoire. C’est sur les conseils de l’un de ses fils qu’elle va s’y atteler. Ce dernier, après avoir scruté les productions de la rédaction de « Frat Mat », interpelle la journaliste et lui demande de transmettre ses articles. Très hésitante, elle n’y a pas accordé un grand intérêt. Puis, une fois les dossiers acheminés, elle sera contactée pour les compléter avec une interview. Lors de la nuit des Ebony, Marcelline Gneproust ne croyait pas se retrouver sur la tribune. Lorsqu’elle sera désignée, hypnotisée, stupéfaite, elle manquait de force pour se tenir debout. Elle s’est sentie très heureuse puisqu’elle n ‘y avait jamais pensé. De sacre en sacre, elle sera désignée également meilleure journaliste presse écrite du Prix panafricain Efua Dorkenoo en 2016, à New York, pour son dossier de sensibilisation aux mutilations génitales féminines. Sur 91 journalistes pour 20 pays, la super Ebony s’est sentie très fière de ce sacre.

Ses embûches

En première année à l’université, elle tombe enceinte. Mais ses parents lui ont apporté le soutien nécessaire en s’occupant de l’enfant. Malgré qu’elle se trouvait en amphi, son oreille était toujours tendue à la maison. Vu qu’elle est une mère de famille, les couvertures d’événements les dimanches, les nombreuses missions à l’extérieur  ont eu un impact sur son foyer.  Mais elle s’en est sortie grâce à la bonne foi de son mari.

Sa vision des perdiems (argent perçu par les journalistes à la suite d’un reportage)

Elle affirme l’avoir trouvé dans le milieu. Marcelline Gneproust s’offusque contre cette pratique, car cela s’oppose à l’éthique du métier. Pour elle, il n’est pas concevable de prendre des frais de transports avec les organisateurs d’événements pour une couverture ni pour obtenir des informations. Elle raconte cette anecdote. « A mes débuts, lors d’un reportage à l’UGTCI (Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire), ils ont demandé de s’inscrire pour obtenir de l’argent. Après l’activité je m’en allais. La dame qui s’occupait du dossier me fait revenir.  ‘Mais madame vous ne prenez pas les frais de transports.’ J’ai refusé. Les gens ont rigolé, ‘laissez-la c’est une nouvelle, elle finira par s’habituer’. »

Ses conseils

Marcelline recommande aux jeunes journalistes d’éviter la tricherie, car le travail bien fait est gage de succès. « La meilleure manière de réussir est de respecter les règles. Certains journalistes aspirent à devenir des vedettes mais ne veulent pas prendre de risques. C’est un métier noble, pas dans l’optique de devenir riche. Les actes jetant le discrédit sur la presse doivent être évités. »

Marcelline Gneproust et Paterne Kraidi
CP: Eric Digbeu avec son aimable autorisation
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